La bureaucratie congolaise

Bonjour à tous,

Demain je bouge en brousse, c’est sûr maintenant! Avant ça, je tenais à vous raconter ma journée d’hier car c’était un peu fou et un peu démoralisant.

Le projet présentait hier ses résultats à tous les pontes du ministère de l’environnement. J’ai pu découvrir une bonne bureaucratie africaine comme on se l’imagine.

Les conseillers et autres directeurs de diverses directions (DDD, DEP, DHR, … Ne me demandez pas la signification y’en a trop) dont le travail est de gérer les ressources naturelles congolaise étaient invités à découvrir les résultats du projet pour se les approprier et les mettre en place sur le terrain (faire leur boulot quoi) avant le prolongement éventuel du projet.

Sauf qu’ici, ces gens ne se déplacent que si le projet leur paye à boire, à manger (ça, soit), une prime appelée per diem et l’hôtel pour ceux qui ne viennent pas de Kinshasa. On atteint les 400$/personnes pour les hors Kin’ et une petite centaines pour les autres. Imaginez en France qu’un ministre ou un député demande à être payé par ses contribuables pour visiter sa circonscription!!! C’est insensé.

Enfin, le « meilleur » reste à venir : la réunion elle-même. Elle a commencé par l’hymne national puis un discours du conseillé du ministre (qui m’a d’ailleurs promis une visite à Mampu en me serrant la main à la fin… Youpi…). Discours fort intéressant puisqu’il a lu la feuille d’invitation du chef de projet et remercié son excellence le président de la RDC pour ce qu’il apporte au Congo. Ensuite, un autre conseillé nous a fait un speech sur toute la loi forestière congolaise qui apparemment est en train de sauver le monde. Ensuite, ce fut un cortège de téléphone qui sonnent et de gens qui répondent dans la pièce pour dire à voix haute « Je suis en réunion », de mec qui dorment et de bureaucrates qui disent que le travail de mes boss est mauvais et qu’il faut plus d’argent (Le plus drôle c’est quand un conseillé notoire en costume a demandé à l’agronome chef des opérations terrain s’il connaissait l’agriculture des plateaux Batéké ….).

Donc voila. Des discours et des questions interminables pendant 9h avec des bureaucrates congolais ça marque. C’est un peu démoralisant de voir que les gens qui ont le pouvoir là-bas semblent aussi incompétents. Autant dans le travail abattu que dans les connaissances sur leurs domaines d’action.

Pour se remettre on a été à l’ambassade d’Allemagne avec un collègue allemand mais comme les italiens ont gagnés c’était pas franchement une grande journée.

Et surtout, bon week-end!

Perruche

La vie à Kinshasa!

Voila maintenant presque une semaine que j’ai posé le pied à Kin’ (Kinshasa pour les initiés) et je suis toujours là. Non pas que je sois toujours vivant (enfin si aussi) mais surtout que je suis toujours dans cette ville. Mon départ pour le terrain a été repoussé la faute à une panne de voiture et à quelques obligations administratives de mes supérieurs.

En attendant, avec Pierre un volontaire du projet en transition comme moi, on découvre la vie et les nuits Kinoises. Etant donné qu’il est là depuis un mois, il a pu croiser les expatriés belges et français (des instituteurs ou des volontaires) qui trainent pas mal dans le quartier autour des logements de l’ambassade où nous logeons. Ils connaissent bien la ville et ont des voitures ce qui nous permet de sortir dans des petits bars sympathiques et des boîtes du centre ville. C’est sympa mais ça reste une vie à l’européenne (Bière+match de foot, resto, bar, boîte). Je ne peux pas dire que je connais déjà le Congo authentique.

Même les soirs sans grosse sorties, on passe le temps à boire de la bière locale (Primus ou NGcoyi) dans les trois bars autours de chez nous : La halle de Gombé, qui organise un festival de musique congolaise plutôt sympa cette semaine, le cercle français et sa piscine à 15$ l’entrée et au Dracula, un bar tenu par un roumain fan de foot où tous les soirs on peut trouver le consul de France et la Tembo une bière à la pression assez rare ici. La bière doit être le seul produit qu’on a en Europe qui n’est pas plus cher ici (ça doit être l’héritage belge). Pour l’équivalent de 7€, on peut boire ici trois fois 72cl. Au bout de 3 bières tu fais moins le fier alors que pourtant tu as juste mis le prix d’une pinte à St Guilhem le désert ou sur la presqu’île de Quiberon, les intéressées se reconnaîtront ;). Enfin bref, avec en plus de ça la visite à Kinshasa d’Amélie qui s’ennuyait un peu dans son Bas-Congo les soirées de cette première semaine sont quand même passées vite.

D’ailleurs, au niveau lien social, je peux ajouter que je partage depuis le début de la semaine mon lit avec des nanas folles de mon corps ! (bon ok c’est des puces qui me pourrissent de boutons mais c’est déjà ça non ?).

Côté boulot il y’a cette semaine les comités annuels de pilotage du projet. Après un comité technique interminable hier (9-20h), il y’a aujourd’hui le comité de pilotage à proprement parlé auquel je ne suis pas convié (ça doit parler de gros sous…) puis jeudi il y’a un genre de petit congrès pour présenter les résultats aux ministres congolais concernés. Comme les discours (bidons à mon humble avis) des bureaucrates et autres conseillés des ministères d’hier étaient interminables je n’ose pas imaginer à quoi cela ressemblera ce jeudi avec les vrais ministres…. Malgré tout, cela reste une bonne expérience, riche en apprentissage sur le fonctionnement des « administrations » dans les pays du sud (j’ai notamment appris à mes dépends de jeune étudiant naïf que personne n’avait prévenu de la présence de conseillés ministériels que le short est le symbole du colonialisme et que c’est très mal vu).

Dans la suite du post je vous mets un petit lexique des petites particularités linguistiques congolaises.

J’espère vous donnez d’autres nouvelles bientôt mais j’attends aussi des vôtres.

A bientôt,

Perruche

Petit Lexique de « Frangolais »

Chinoiserie : Tout objet venant de Chine qui va se casser au bout de la deuxième utilisation. Très courant ici.

Esprits de mort : Minibus jaunes et bleus. Vrai poubelles c’est les principaux « transports en commun » de Kinshasa. Leur nom veut tout dire concernant la sécurité.

Kinois(e) : Habitant(e)s de Kinshasa

Maman : Madame

Papa : Monsieur

Primus : La bière leader sur le marché congolais.

Septante : Soixante-dix (de même octante et nonante se disent). Ça, c’est l’héritage belge…

Tracasseries : Tous types de problèmes possibles et imaginables avec la police, les militaires ou la bureaucratie congolaise corrompue.

Bien arrivé à Kinshasa !!!

Salut,

J’espère que vous allez bien! Je profite d’internet aux bureaux du projet pour vous envoyer quelques nouvelles. Je reste une semaine sur Kin’ finalement. Vous aurez donc des news régulières au début c’est sur. Après, …. on verra si la nouvelle clé 3G veut bien passer l’épreuve de la poste congolaise!

Sinon, l’avion a eu du retard au décollage mais le vol a été nickel après (qualité Air France oblige l’apéro est même au champagne et la bouffe à peu près mangeable). On est arrivé vers 19h45 heure congolaise à Kinshasa, où il faisait déjà nuit puisque cette ville n’est pas loin de l’équateur. C’est un endroit vraiment impressionnant. Les infrastructures sont pires que pourries et il n’y a pas de routes avant le cœur de ville (et encore la route est neuve et a été construite par des japonnais, des sud africains et des chinois contre des concessions minières ou autres arrangements nébuleux). Faut donc s’imaginer un cercle de 20km de diamètre constitué de bidonvilles géants (sauf au centre ou c’est mieux quand même) traversé par une 8 voies de poussière (dont parfois 7 voies vont dans le même sens aller savoir pourquoi) fourmillant de gens. La plupart des voitures et des camions sont surchargés et dans un état si pourri qu’on se demande comment ça roule. Tous les km il y’en a en panne. Enfin malgré la chaleur moîte et l’odeur d’essence ça se fait bien quand même. Disons que les récits font peur mais que c’est pas si pire comme dirai Niko!

Pour ma première nuit, j’ai dormi à l’hôtel Estoril un 3 étoile tenu par des portugais. Bon, Afrique oblige, ce matin au réveil j’avais un scorpion au dessus de mon lit et un cafard gros comme mon pouce dans ma baignoire mais la bouffe était bonne (quoi que longue à arrivée et pas toujours ce que tu as commandé) et j’ai eu 30 sec d’eau chaude donc la transition avec l’Europe est douce ^^. Ce soir je dors dans les locaux de l’ambassade dans l’appart’ du projet, les conditions seront surement un brin plus spartiates.

Bises à tous,
Perruche